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samedi 13 mai 2017

L’ADN des nouveaux managers : le cas d’Elon Musk

 Par Christophe Legrenzi

Une nouvelle race de managers

Elon Musk est un entrepreneur hors norme qui symbolise parfaitement l’ADN des nouveaux managers à l’instar de Steve Jobs, Jeff Bezos, Larry Page et Serguei Brin, Mark Zuckerberg et Jack Ma. Ils sont dans la digne lignée des Thomas Edison ou John Davison Rockfeller de la fin du 19ème siècle et du début du 20ème.
Ils sont caractérisés par le fait de :
§  vouloir changer le monde et de lui donner du sens,
§  remettre en question les modèles existants,
§  n’avoir aucune limite,
§  inventer quand cela n’existe pas,
§  attirer et s’entourer des meilleurs,
§  travailler dur,
§  exiger le meilleur de leurs équipes et de leurs partenaires,
§  mêler curiosité scientifique et busines,
§  avoir des caractères bien trempés,
§  manifester une confiance et une foi inébranlable.

Les nouveaux Barbares selon Bernard Quinio

Bernard Quinio dans son intervention sur « Les nouveaux Barbares » au ceGSI de Juin 2016 (voir sur le blog GouvSI : La transformation digitale pour répondre aux nouveaux barbares http://gouvsi.blogspot.fr/2016/07/la-transformation-digitale-pour.html et Les entrepreneurs de la génération Y sont-ils plus doués que les autres ? http://gouvsi.blogspot.fr/2016/07/les-entrepreneurs-de-la-generation-y.html) montre qu’il existe trois types d’attaque des modèles traditionnels d’entreprise :
§  Le substitut. Ils font le même métier que les entreprises traditionnelles mais de manière radicalement nouvelle, via le numérique, et en s’affranchissant des règles de base. C’est par exemple le cas d’Uber avec les taxis ou d’AirBnB avec les hôtels.
§  L’intermédiaire. Ils s’insèrent entre le client et l’entreprise en fournissant de nouveaux services comme par exemple : Booking, Capitain Train, …
§  Le complémentaire. Ces entreprises proposent des nouveaux services dépendants de l’activité de l’entreprise comme par exemple Zenpark.
Quatre facteurs poussent ces « nouveaux barbares » à créer leur entreprise :
§  Ne pas s’ennuyer.
§  Lutter contre les contraintes.
§  Partager des valeurs (coopérative, écologie).
§  Faire des choses nouvelles tous les jours.
Leurs principaux leviers d’action sont :
§  Le réseau (Facebook et autres) et pas l’amicale des anciens élèves de telle ou telle école.
§  Etre au plus proche de ceux qui font.
§  La confiance, le feeling et le regard.
§  Le leadership, la capacité de convaincre.
§  Le partage, la collaboration et l’équipe.
Quelques verbatims entendus par Bernard Quinio au cours d’entretiens avec des créateurs d’entreprises :
§  « Je veux embaucher des gens plus intelligents que moi ».
§  « Patron c’est un mot négatif ».
§  « Le créateur c’est celui qui entraîne, celui qu’on suit ».
§  « On sait que tout se périme vite ».
§  « Il faut prendre de tout partout tout le temps et sans hésiter ».
§  « Dans la rencontre, le plus important c’est le regard ».
§  « Fais ce qu’il te plait tout de suite ».
Elon Musk aurait pu dire toutes ces phrases.

L’enfance d’Elon Musk

Elon Musk est né à Pretoria, en Afrique du Sud en 1971. C’est un enfant solitaire et rêveur. Il est intéressé par les matières scientifiques et attiré par la science-fiction. Il est diagnostiqué surdoué. A l’âge de 10 ans, il fait la connaissance du monde informatique et deux ans plus tard il crée un jeu vidéo consistant à détruire des vaisseaux extraterrestres. Il dévore les livres et lit jusqu’à 10 heures par jour. Il lit, entre autres, l’encyclopédie Britannica.
Compte tenu de sa petite taille il est souvent raillé, voire pris à partie par ses camarades. Ses plus proches amis d’enfance sont son frère Kimbal, avec qui il créera sa première société Zip2, et ses cousins, Pete et Lyndon Ride, avec lesquels il lancera quelques années plus tard la société SolarCity. En juin 1988, Elon Musk qui a tout juste 17 ans, décide de quitter l’Afrique du Sud pour le Canada. Il obtient la nationalité canadienne car c’est celle de sa mère.

Les études d’Elon Musk

En 1989, il s’inscrit à la Queen’s University à Kingston en Ontario. Deux années plus tard, il reçoit une bourse pour rejoindre la fameuse Université de Pennsylvanie (UPenn). Elle avait été créée en 1740 par Benjamin Franklin. Dans cette Université en 1846 a été conçu le premier ordinateur totalement électronique : l’ENIAC (« Electronic Numerical Integrator And Computer »).
Elon Musk intégrera à la fois la « School of Engineering and Applied Sciences » (école d’ingénieur et de sciences appliquées) et la célèbre « Wharton School » (business school).
En 2014, l’Université de Pennsylvanie, a été élue meilleure université américaine. Elle fait partie de l’Ivy League : groupe de huit universités privées particulièrement prestigieuses, créées au 17ème et 18ème siècles au nord-est des États-Unis par les britanniques dont Columbia à New York City (1754), Cornell (1865), Harvard (1636), Princeton (1746) et Yale (1701). Parmi ses diplômés célèbres de Wharton on peut citer Warren Buffett, Alassane Ouattara (PhD), Jeremy Rifkin et Donald Trump !

Les premières entreprises d’Elon Musk

En 1995, Elon Musk et son frère Kimbal s’installent ensemble à Palo Alto et créent leur première start-up. Elle s’appelle Zip2. C’est un ancêtre des Pages Jaunes fonctionnant sur Internet. Le progiciel est vendu aux journaux les plus prestigieux comme le New York Times. Il choisit comme slogan « We power the press ».
En février 1999 Compaq achète Zip2 pour 307 millions de dollars. Elon Musk gagne dans cette revente 22 millions de dollars et son frère 15.
Un mois après la vente de Zip2 il crée X.com. Cette start-up a pour ambition de devenir la première banque en ligne. Il investit personnellement 12 millions de dollars dans cette affaire, soit la moitié des gains qu’il a réalisé avec Zip2. X.com est mis en ligne la veille de Thanksgiving 1999. Elle offre une carte de paiement avec un crédit de 20 dollars, pas de pénalités de dépassement de la ligne de crédit ni de frais bancaires. C’est immédiatement le succès. En 2 mois, X.com compte 200 000 clients.
L’un des principaux concurrents de X.com est une autre start-up qui s’appelle Confinity. Elle a été créée par Max Levchin et Peter Thiel. Elle permet d’échanger de l’argent via le port infrarouge d’un Palm Pilot et propose un service de paiement en ligne nommé PayPal.
Plutôt que de se faire concurrence, Confinity et X.com fusionnent en mars 2000. Elon Musk devient le principal actionnaire. Mais très vite des divergences stratégiques apparaissent entre Elon Musk et Peter Thiel, notamment à propos de l’architecture informatique. Elon Musk souhaite utiliser les outils et le système d’exploitation de Microsoft, alors que Peter Thiel utilise pour PayPal Linux.
En septembre 2000, Musk est en voyage de noce au Brésil puis en Afrique du Sud où il attrapa la variante la plus virulente de la malaria qui a failli lui être fatale. Ses associés en profitent pour le débarquer. Finalement PayPal est vendue en juin 2002 à eBay pour 1,5 milliards de dollars. Elon Musk gagne dans cette affaire 250 millions de dollars, soit 180 millions de dollars après impôts. Aujourd’hui Paypal vaut 50 milliards de dollars alors que sa maison mère, eBay ne vaut en Bourse que 36 milliards de dollars !
Avec ce magot Elon Musk aurait pu aller vivre dans une ile des Caraïbes jusqu’à la fin de ses jours. Il fait le contraire et va investir l’intégralité de ses gains dans trois nouvelles entreprises : SpaceX (100 millions de dollars), Tesla (70 millions de dollars) et Sollar City (10 millions de dollars).

SpaceX : les débuts

Elon Musk a toujours été fasciné par le spatial, les planètes et les étoiles. En 2002, Elon Musk décide de déménager de Palo Alto à Los Angeles pour se rapprocher de l’industrie aéronautique. Il crée une première structure au nom étonnant de « Life to Mars » qui réunit des chercheurs et des passionnés de l’espace et de la conquête spatiale comme James Cameron.
Son premier projet consiste à envoyer des souris dans l’espace et sur Mars. Il se rend donc à Moscou pour acheter une fusée. Il a un budget compris entre 20 à 30 millions de dollars. Les russes sont très exigeants. N’arrivant pas à conclure les négociations, il décide de construire lui-même une fusée moins coûteuse.
Pour ce faire, il crée Space Exploration Technologies ou SpaceX en juin 2002 et recrute les meilleurs ingénieurs spatiaux existants, dont Tom Mueller qui sera la cheville ouvrière de la fabrication de la fusée Falcon 1.
Son objectif est d’utiliser les recettes des start-ups de la Silicon Valley dans une industrie qui n’a pas évolué depuis cinquante ans. Elon Musk est d’une exigence extrême avec ses équipes et ses fournisseurs. Il négocie tout, dans le plus petit détail, et participe parfois lui-même aux expérimentations.

Les premiers lancements réussis

Entre 2005 et 2007 trois tentatives de lancement échouent. Tout le monde aurait abandonné. Pas Elon Musk qui s’entête. Finalement le 28 septembre 2008, un lancement Falcon 1 réussi. C’est la première fois qu’une société privée réussit le lancement d’une fusée. Il aura fallu six ans, 500 personnes et toute l’énergie d’Elon Musk pour y arriver.
Le lanceur léger Falcon 1 est le premier développement de la société. Il peut placer 670 kg en orbite basse. Cinq lancements de Falcon 1 ont lieu entre 2006 et 2009 et subit trois échecs. Malgré cela Elon Musk lance un nouveau lanceur de taille moyenne, le Falcon 9, qui va succéder au Falcon 1. Il peut placer 10,5 tonnes en orbite basse. Le premier vol a eu lieu le 4 juin 2010. La fusée est régulièrement modifiée pour améliorer ses performances.
En 2010, il réussit le lancement du vaisseau cargo spatial de Dragon puis en 2012 il lance une version destinée à approvisionner la station internationale, l’ISS. Une version V2 est à l’étude capable d’embarquer un équipage. SpaceX a obtenu un budget de 440 millions du vaisseau de dollars de la NASA pour poursuivre les études pour finaliser le transport des personnes. Les ambitions de Elon Musk sont considérables. Le 7 juin 2013 il envoie un mail à tous les salariés de l’entreprise pour leur expliquer que « Le but fondamental de SpaceX est et a toujours été de créer la technologie nécessaire pour implanter la vie sur Mars » !

L’art de la réutilisation

La grande idée de SpaceX pour réduire les coûts des lancements est de chercher à récupérer tout ou partie de la fusée. Cela doit permettre de les réduire d’environ 30 %. Pour cela il faut faire revenir le 1er étage puis ensuite les 2ème et 3ème étages de la fusée de la stratosphère et arriver à les faire atterrir sans casser le matériel. Après deux tentatives d’atterrissage sur la plateforme maritime spécialement conçue à cet effet, le 21 décembre 2015, SpaceX réussi finalement à atterrir avec succès le 1er étage d’une fusée sur la terre ferme au centre spatial Kennedy. C’est une première mondiale.
Après un nouvel échec sur la plateforme maritime en janvier 2016, SpaceX réussi le 8 avril 2016 à poser sans encombre la fusée. Cet exploit a été réitéré 4 fois en 2016 : les 6 mai, 27 mai, 18 juillet et 14 août, et n’a connu qu’un seul échec le 16 juin 2016.
Elon Musk a pensé que vers 2025, SpaceX aura probablement développé une technologie de propulseur et un vaisseau spatial capables de transporter des humains. Le coût d’une mission sera ramené à un montant compris entre 500.000 et 1 million de dollars. Pour y arriver, SpaceX a obtenu un prêt d’un milliard de dollars auprès de Google et de Fidelity Investments ([1]).
SpaceX emploie 5.000 personnes et lance actuellement une fusée par mois. Elle lance des satellites pour le compte d’opérateurs privés et approvisionne la station spatiale internationale. Le marché des satellites explose avec la télévision, Internet, la radio, la météorologie, la navigation et l’imagerie spatiale.

Les débuts de Tesla

Fin 2003, Elon Musk rencontre JB (Jeffrey Brian) Straubel. C’est un jeune ingénieur tout juste diplômé de Stanford depuis un an et passionné de mécanique. Il souhaite développer une nouvelle batterie lithium-ion destinée au marché automobile électrique émergent.
Pour ce faire, Elon Musk et JB Straubel s’associent avec les deux sociétés les plus avancées dans la conception et la production de véhicules électriques : la société AC Propulsion, créée en 1992, et la société Tesla Motors, fondée par Martin Eberhard et Marc Tarpenning. Elle s’appelle Tesla en hommage à Nikola Tesla, inventeur des premiers alternateurs, des réseaux électriques de distribution en courant alternatif et du moteur électrique à courant alternatif. Elon Musk investi 6,5 millions de dollars dans Tesla et devient son principal actionnaire. Il est nommé Président de l’entreprise.
Le cahier des charges est simple. Il faut créer la meilleure voiture possible, éco-responsable, pratique et jolie de type roadster. Le premier modèle sorti est vendu 90 000 dollars pièce. Il est commandé par une trentaine de personnes dont les fondateurs de Google, Brin et Page. En 2008, les premiers roadsters sont mis sur le marché mais réservés à la clientèle américaine. Cette première série est un « prototype » permettant de valider la faisabilité technique et commerciale de la vision d’Elon Musk. Tesla vendra 2.500 voitures entre 2008 et 2012.

Passer de la planche à dessin à la production en masse

Le principal défi de Tesla est de passer de la R&D à la production. Marin Eberhard s’était engagé à sortir ces véhicules à un coût de fabrication limité. Il n’a pas réussi car chaque véhicule coûtait entre 170 et 200.000 dollars. Ayant échoué il est démis de ses fonctions en août 2007.
Elon Musk lance alors un programme de réduction massif des coûts. En 2009, Daimler prend 10 % du capital de Tesla pour 50 millions de dollars. Quelques mois plus tard, le Ministère de l’Energie accorde un prêt de 465 millions de dollars à Tesla. Pour produire en masse des véhicules Tesla rachète une partie d’une usine Toyota pour 42 millions de dollars et Toyota investit 50 millions de dollars pour avoir 2,5 % du capital de Tesla. Tesla est introduit en bourse le 29 juin 2010. 

Le succès des Modèle S, X et 3

Le développement de l’entreprise a été permis par la création du modèle S. Pour cela Elon Musk fait appel à Franz von Holzhausen, le designer du nouveau modèle de la Coccinelle de Volkswagen, qui a ensuite été directeur de la création de Mazda. Elon Musk souhaite une esthétique proche de celle d’une Porsche ou d’une Aston Martin, tout en étant un véhicule familial avec une ouverture des portes arrières en « aile de faucon » pour simplifier l’installation des sièges d’enfants. Il veut aussi intégrer un grand écran tactile. La voiture arrive sur le marché en mai 2012 avec des qualités d’accélération (de 0 à 100 km/h en 4,4 secondes) permis par les moteurs électriques et d’autonomie (435 km sans recharge) grâce à des batteries de grandes capacités. C’est remarquable.
Le modèle X est commercialisé à partir de septembre 2015. C’est un SUV (Sport Utility Vehicle) de sept places, le premier « crossover » de la marque. Il est vendu au même prix que le modèle S.
La Tesla 3 a été présentée le 31 mars 2016 et sera commercialisée à la fin de 2017 a un prix annoncé de 35.000 dollars. Elle est plus compacte que la Model S et vise le segment des berlines haut de gamme. À l'origine, la Model 3 devait s'appeler la Model E, de manière à ce que les différents modèles d'automobiles de Tesla forment le mot S-E-X-Y ! Cependant des litiges juridiques avec Ford (qui a une série de modèle : Ford E-Series) ont amené Tesla à changer le nom de ce modèle pour la Model 3 qui est l’inverse du E. La gamme de Tesla se résume aujourd’hui à : S-3-X.
Depuis son annonce, en moins d’un an, Tesla a enregistré 500.000 réservations de la Tesla 3 ayant versés une avance de 1.000 dollars par voiture.

Les spécificités et l’originalité Tesla

L’approche commerciale de Tesla est totalement différente de celle de tous les autres constructeurs automobiles. Tesla ne fait jamais une publicité et n’a aucune forme de sponsoring. La puissance de la marque est incarnée par son mentor. Elon Musk a 7 millions d’abonnés Twitter. Le bouche à oreille ainsi que les réseaux sociaux jouent un rôle important. Tesla à 900.000 abonnés sur LinkedIn. Les voitures Tesla sont uniquement vendues dans les boutiques Tesla ou sur le site Internet de l’entreprise. La qualité de service est digne des plus grandes voitures de luxe.
Le coût des batteries est fondamental pour assurer le succès de Tesla. Pour cela l’entreprise construit dans le Nevada la Gigafactory qui sera la plus grande usine mondiale de batteries lithium-ion.
Pour pouvoir facilement recharger les véhicules Tesla déploie à travers les Etats-Unis et l’Europe son réseau de Surperchargeurs.
Un grand coup de communication a été fait par Tesla le 15 octobre 2015 en livrant les premières voitures dotées de fonction de pilotage automatique. Mieux, les véhicules vendus depuis 9 octobre 2014 ont pu en bénéficier ce jours-là, grâce au téléchargement, de la version 7.0 du logiciel de conduite autonome. Il est possible de faire rouler la voiture sans toucher le volant et les pédales. En effet, ces voitures disposaient depuis un an, de l’ensemble des dispositifs techniques nécessaires : une caméra, un radar, des capteurs ultrasons et un GPS. Il a suffi de livrer le logiciel permettant la conduite mains-libres. Alors que les autres constructeurs continuent de tester la conduite automatique sur quelques véhicules Tesla livre des voitures autonomes.
Malheureusement le 7 mai 2016, le conducteur d’une Tesla, Joshua Brown, décède en Floride à la suite d'une collision avec un semi-remorque alors que la fonction Autopilot de son véhicule était active. Mauvais pour l’image ! La Justice a été saisie. Le 19 janvier 2017, l'Autopilot est mis hors de cause car le conducteur de la Tesla avait eu 7 secondes pour réagir à la situation et n’a pas réagi. L'accident est dû à des "facteurs humains". Autre fait significatif, une enquête de la NHTSA (National Highway Traffic Safety Administration) a montré que le taux d'accidents des Tesla a baissé de près de 40 % depuis l'introduction du pilotage automatique (source : Wikipédia).
Tesla emploie 10.000 personnes et l’entreprise est valorisée début 2017 à 40 milliards de dollars. Par comparaison, Renault est valorisé 25 milliards de dollars et Peugeot est à 14 milliards de dollars. Ensemble ils représentent 39 milliards de dollars soit moins que Tesla. Or, Renault a un chiffre d’affaires de 45 milliards de dollars et Peugeot 55 milliards de dollars soit ensemble 100 milliards de dollars alors que le chiffre d’affaires de Tesla est d’environ 7 milliards de dollars. La comparaison est significative.

Et Hyperloop arrive

Et si un train allait à la vitesse d’un avion et même plus vite. Quatre fois plus vite qu’un TGV : Paris-Lyon en moins d’une demi-heure, Paris-Marseille en trois quart d’heure. Elon Musk évoque son projet Hyperloop pour la première fois en juillet 2012. Un an plus tard, le 12 août 2013, il officialise son concept. Il le définit comme le 5ème mode de transport, après les bateaux, les voitures, les trains et les avions. Une société dédiée au projet a été fondée, la Hyperloop Technologies Inc. L’objectif est de relier les centres de Los Angeles et de San Francisco, soit 550 kilomètres en moins de 30 minutes.
La solution repose sur une capsule transportant des voyageurs pouvant aller de 1.100 à 1.300 km/h dans un grand tube pneumatique sous basse pression pour limiter les frictions avec l'air se trouvant dans le tube. De plus, les capsules se déplacent sur un coussin d'air généré à travers de multiples ouvertures sur la base de celles-ci, ce qui réduit les frottements. Les capsules sont propulsées grâce à un champ magnétique créé par des moteurs à induction linéaires placés à intervalles réguliers à l'intérieur des tubes.
Pour le développement de l'Hyperloop, Elon Musk a recours au crowdsourcing, à l'open source et au collaboratif, sans parler de l’emploi de l’énergie solaire. Il n'a d'ailleurs déposé aucun brevet pour l'Hyperloop.

L’ADN hors norme d’Elon Musk

Comme on le voit, Elon Musk est aujourd’hui une personnalité incontournable. Il veut changer le monde et même plus. Ashlee Vance dans son biographe explique qu’Elon Musk a construit « la théorie du champ unifié », c’est-à-dire qu’il fonctionne en circuit fermé et interdépendant reliant ses différentes entreprises : les panneaux solaires de SolarCity permettent d’alimenter les stations de recharge de Tesla en bénéficiant des échanges de technologie sur les matériaux pour SpaceX.
La fortune d’Elon Musk s’élève aujourd’hui à 10 milliards de dollars. Il emploie plus de 15.000 personnes dans l’ensemble des Etats-Unis.
Comme l’explique Larry Page, l’un de ses meilleurs amis et fondateur de Google : «  Elon Musk est un des rares entrepreneurs à penser à long terme. Et il prend tous les risques pour changer le monde ».
Elon Musk casse indéniablement les codes. On peut résumer sa stratégie en quelques points :
§  Sa marque de fabrique est d’observer, de lire, de repérer les meilleures idées, de voir grand, de remettre en question les habitudes et les idées reçues et surtout de ne pas avoir de limites.
§  Il possède une véritable vision des choses comme : « si je fais une voiture électrique qui a les performances d’une Porsche et le look d’une Jaguar, c’est bingo. Et en plus je contribue à sauver le monde du fatal réchauffement climatique ».
§  Il possède une capacité de travail hors norme. Il travaille 15 à 20 heures par jour, 7 jours sur 7. Il ne prend jamais de vacances.
§  Il ne veut travailler qu’avec les meilleurs et il les choisit lui-même. Il faut qu’ils aient réussi brillamment leurs études mais qu’ils aient aussi à leur actif des réussites concrètes. Il a lui-même sélectionné les 1.000 premiers embauchés de SpaceX.
§  Il est d’une exigence totale : « do the impossible on top of the impossible ». Il refuse les excuses et n’accepte pas l’absence de proposition de solutions.
§  Il est clairement adepte d’une approche interdisciplinaire et il croit en la « science des choses » : la physique, les mathématiques, la chimie, l’électronique, l’informatique, l’organisation…
§  Il emploie les méthodes de travail de la Silicon Valley et en particulier celles adoptées par les éditeurs pour arriver à avoir une organisation agile, rapide, sans bureaucratie, sans hiérarchie, tournée vers un objectif très ambitieux voire révolutionnaire pour obtenir le meilleur de chacun. Les ingénieurs travaillent avec les cols bleus en mode plateau sans aucune difficulté.
§  Il n’accepte pas forcément l’avis des experts. Depuis le début du développement de ses fusées, Elon Musk souhaite, contre l’avis de tous, les rendre au moins en partie réutilisables afin de permettre de diminuer les coûts ce que personne, jusqu’alors, n’a jamais réussi. Lorsqu’il a lancé le projet Hyperloop, tous les experts scientifiques considéraient que ce n’était pas possible techniquement. Aujourd’hui, le prototype fonctionne.
§  Il veut démocratiser l’usage des produits et des services au profit du plus grand nombre. L'un de ses objectifs est de réduire les coûts d'accès à l'espace d’un facteur dix. Observant l’industrie aérospatiale il explique qu’elle construit des Ferrari alors qu’une simple Honda Accord ferait l’affaire.
§  Il souhaite partager l’innovation. En juin 2014, Elon Musk rend les brevets de Tesla accessibles à tous. Pour lui : « Si une entreprise dépend de ses brevets, c'est qu'elle n'innove pas ou alors qu'elle n'innove pas assez rapidement. » Le principe est le même pour Hyperloop.
§  Il n’hésite pas à créer. Quand les solutions du marché n’existent pas ou sont insuffisantes il invente de nouvelles technologies de développement et d'ingénierie, comme les batteries ou des logiciels de simulation de la dynamique des fluides afin d'améliorer leur capacité de simulation, d'évaluation et de conception des moteurs de fusée.
§  Il recherche continuellement le sens des choses et fait appel aux solutions les plus radicales. Ainsi, pour assurer la protection de l’environnement il veut débarrasser la planète des grosses cylindrées polluantes tout en ayant la possibilité de se laisser griser par une bonne poussée d’adrénaline grâce aux accélérations peu communes permises par les moteurs électriques.
§  Il ose tout. A la mi-2015, il a demandé au gouvernement américain l'autorisation de lancer 4.000 satellites afin de donner accès à Internet au monde entier. De même, il envisage d’envoyer 10.000 fusées pour conquérir Mars.
§  Il possède une ténacité incroyable et ne renonce jamais : « My mentality is that of a samurai. I would rather commit seppuku than fail ». Un de ses plus proches collaborateur et ami, expliquait que sa philosophie est : « do or die but don’t give up »
Indéniablement, Elon Musk restera longtemps dans l’histoire de la « Révolution Numérique ». Il possède toutes les qualités des « nouveaux Barbares » de Nicolas Colin et celles décrites par Bernard Quinio. Quand son biographe Ashlee Vance lui a demandé : « Jusqu’à où êtes-vous prêt à aller », il a répondu : « J’aimerais mourir sur Mars » !


Pour aller plus loin et mieux comprendre Elon Musk il faut lire l’excellent livre de Ashlee Vance : « Elon Musk : How the Billionaire CEO of SpaceX and Tesla is Shaping our Future » chez Virgin Books. Il est traduit en français chez Eyrolles sous le titre : « Elon Musk Tesla, PayPal, SpaceX : l’entrepreneur qui va changer le monde ».




[1] - Fidelity Investments est le 4ème mutal fund au monde et le 2ème aux Etats-Unis. Le plus important fond américain est Vanguard Group. Les mutual fund sont la version américaine de nos SICAV ou plus généralement les OPCVM. Fidelity Investments gère un montant de 2.100 milliards de dollars d’actifs. Elle possède une filiale de venture capital : Fidelity Ventures (pour en savoir plus cliquez ici : https://en.wikipedia.org/wiki/Fidelity_Investments).

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